samedi 17 octobre 2015

À l'école. À la recherche d'un violoncelle (suite et fin). Décembre-janvier prochain. Téléphone

Guten appetit!

Schnitzel = escalope. On trouve de la « viande » végé jusqu'ici.

À l'école


J'ai commencé les cours d'allemand cette semaine. J'y suis les lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 13 h 15 à 16 h 30, disons que ça paraît dans mon horaire! Mon groupe compte une douzaine de personnes : un Brésilien, une Portugaise (?), un Italien, deux Coréennes, deux Américaines, une Indienne (?), trois Suédoises et j'en oublie. La prof s'appelle Franziska (pas trop sûr de l'orthographe), elle est vraiment bonne et un peu hipster avec ses gilets de laine à motifs douteux et son toupet au carré.

Apprendre une langue dans le contexte d'un cours, même si l'ambiance est assez informelle, est bien étrange. J'ai choisi de jouer le jeu et d'embarquer complètement dans le processus.

Apprendre une langue, c'est comme faire une recette. À la base, ça prend un paquet d'affaires insignifiantes (quelques mots appris cette semaine : das Bügeleisen = le fer à repasser, die Zwiebeln = les oignons,  am Tisch sitzen = s'asseoir à table), puis il faut les préparer, les assembler (par exemple Ich habe Lust, um Klavier zu spielen = j'ai le goût de jouer du piano; Ich möchte Klavier spielen = je voudrais jouer du piano; Ich schaffe es, Klavier zu spielen und gleichzeitig Wörter zu lesen = je suis capable de jouer du piano et lire des mots en même temps), mettre ça au four (die Petersilie wird gehackt = le persil a été haché; Ich hoffe, dass der Techniker bald kommt = j'espère que le technicien arrive bientôt), laisser cuire et laisser reposer avant de déguster. Tout ça demande une bonne dose de patience et de motivation. Ça adonne bien, j'en ai pas mal ces temps-ci.

C'est très agréable de se retrouver derrière les bancs d'école après 4 ans à avoir été de l'autre côté du bureau du prof. Je me demande bien comment ma prof s'en sort, elle qui enseigne à deux groupes 5 jours par semaine. J'espère que la paye est bonne et qu'elle a tout le matériel fourni, incluant plans de cours et examens, parce qu'enseigner 6-7 h par jour, 5 jours par semaine, c'est de la folie.

Détail du quotidien : le papier n'a pas le même format en Allemagne. Je cite wikipedia : « Pour les usages courants, notamment en bureautique, le format A4 (21 × 29,7 cm) est aujourd’hui très largement répandu dans le monde, à l’exception de l’Amérique du Nord, où le format US Letter, soit 8½ × 11 pouces (21,6 × 27,9 cm), reste le plus utilisé. » Une autre affaire! Le papier est donc plus long ici et un peu moins large, ça doit être un méchant casse-tête pour les gens qui font du graphisme ou de la mise-en-page pour des multinationales.

Pause de concerts


J'ai passablement coupé sur la vie culturelle cette semaine. Après le magnifique concert de piano de dimanche passé -- où j'ai entendu pour la première fois, entre Haydn, Mozart et Beethoven, deux pièces de piano de Stockhausen -- je ne suis pas retourné voir de musique. Je suis quand même sorti mardi et vendredi dans des petits bars vraiment cool dont j'aurai peut-être l'occasion de reparler. Je vais voir un concert demain : l'intégrale du Clavier bien tempéré de Bach. Ayoye!

J'ai pris cette photo du piano avant de quitter le Berliner Philharmoniker, la salle dans laquelle avait lieu le concert.
Il y avait en fait 2 pianos, on ne le voit pas bien sur la photo. Un piano avait un lutrin, l'autre pas,
donc le pianiste changeait de piano pour jouer les pièces de Stockhausen,
les seules qu'il ne savait pas par coeur.

À la recherche d'un violoncelle (suite et fin)


Cette semaine, tout comme la semaine passée, ma mission première était de régler la question du violoncelle. J'avais écrit un blog là dessus mais je l'ai effacé sans m'en rendre compte, alors je résume ici. [MISE À JOUR, j'ai retrouvé un brouillon, que j'ai mis en ligne plus bas quand même]

Lundi


Je suis allé voir la luthière Julia Dimitroff lundi soir, elle est extrêmement compétente et honnête. Elle m'a fait essayer cinq ou six violoncelles, dont un avec qui la connection a été très forte et instantannée. C'était vraiment particulier, ça faisait deux ou trois violoncelles que j'essayais, tous meilleurs que mon violoncelle à moi (pas trop dur à battre, quand même) et soudainement j'essaye celui là. Oh...! J'ai fait une note et j'ai tout de suite arrêté de réfléchir. Mes doigts allaient, le son sortait, et tout ça se passait sans que mon cerveau intervienne, ou presque, car il fallait bien que je me retienne de faire trop de sons bizarres, enfin... je m'autocensure toujours le côté musique expérimentale dans un magasin de musique. Le prix m'a par contre passablement refroidi. J'avais prévu un budget de 20-30€ par mois pour la location et elle n'a rien en bas du double ou triple par mois. J'ai donc dû poursuivre les recherches et j'avoue que j'avais un peu la mort dans l'âme en repartant de son atelier.

Mardi


Je me suis fait une grosse journée mardi, pas question de baisser les bras. J'ai été voir deux luthiers le matin : je me suis rendu chez Florian Friedrich Lehman, qui n'avait qu'un seul violoncelle en location, à 200€ par mois (fuck you) ; j'ai ensuite attrapé juste assez d'internet sur mon téléphone pour trouver Gentes & Scheit et trouver comment me rendre. Ils m'ont donné un rendez-vous (ein Termin) le jeudi matin suivant. Suite à ça, j'ai eu moins de 15 minutes pour manger avant mon cours d'allemand de 13 h 15 à 16 h 30, duquel je suis reparti directement pour aller à l'atelier de Jakob Motter. Je fondais pas mal tous mes espoirs sur lui, puisque c'est à lui que j'avais loué mon violoncelle en 2008, bon prix et rien de compliqué. Je lui avais déjà envoyé deux emails au cours des dernières semaines et il ne m'avait pas répondu. J'étais même passé à son atelier il y a deux semaines et il n'y était pas. J'étais donc bien content, après cette journée déjà passablement bien remplie, de le trouver à son atelier. Il n'a rien de disponible, zut! Même pas de conseil à me donner, pas une référence sympathique, rien. J'ai été faire mon épicerie un peu découragé après ça. Mais le temps d'une pizza, et je me suis facilement laissé convaincre d'aller faire un tour au bar. Méchante place, j'en reparlerai un moment donné.

Mercredi


Mercredi matin, j'étais fatigué et j'ai décidé de vaincre ma peur du téléphone. Ce n'est pas une grosse peur, mais il faut savoir que, dans la plupart de mes visites de luthiers, tout se passe en allemand. J'arrive dans le magasin : « Ich bin Rémy, aus Québec, Kanada und ich möchte ein Cello leihen (Je suis Rémy, de Québec, Canada et je voudrais louer un violoncelle). » Suite à ça, une conversation approximative s'engage, dans laquelle je lis autant dans le non verbal que dans le Deutschsprache (la langue allemande). Je n'avais pas assez confiance en mes capacités en allemand pour me passer du non verbal avant ce mercredi matin là, où je commençais à être un peu tanné de me rendre à des places super loin et me faire dire qu'il n'y a rien de disponible.

Ç'a très bien été au téléphone et j'ai pu rayer pas mal de luthiers de ma liste. Il faut dire qu'entre temps, j'avais finalement reçu une ou deux réponses (négatives) à mes emails. J'ai donc éliminé de ma liste Matthias N. von Wallbrunn, Janine Wildhage & Christophe Landon, Markus Scherschel, Bastian MuthesiusDaniel Kogge & Yves GateauHayn & Hayn, Thomas Rojahn et Blackstein. J'ai obtenu un rendez-vous chez Musikhaus Rauth. Après tous ces appels et cette mise à jour de ma liste, j'ai été à mon cours d'allemand de 13 h 15 à 16 h 30 avant de me rendre au rendez-vous à la Musikhaus Rauth. J'ai essayé là bas trois violoncelles vraiment poches, car c'était plutôt un magasin pour les amateurs finalement, avec des instruments bien entretenus mais qui ne projettent pas. Ils louaient ça 30-40€ par mois. Je suis reparti vers une autre soirée bien remplie après tout ça (voir plus bas, Décembre-janvier prochains).

Réflexion


Je prends le temps de noter mes démarches car je veux me souvenir de l'état d'esprit dans lequel je me trouve à ce moment-ci du « voyage ». C'est en me relisant, peut-être, que je me rends compte à quel point je travaille sans modération, sur cette affaire comme sur d'autres. J'ai déjà eu une job où je devais fouiller sur internet afin de produire des listes de clients potentiels, je dois avoir du talent là dedans.

Je réfléchis également à des thèmes plus profonds, c'est un peu pour ça que je suis ici, n'est-ce pas? Le violoncelle que j'ai essayé chez Julia Dimitroff m'a vraiment fait de l'effet mais il est au-dessus de mon budget. Est-ce que je devrais le prendre pareil? Qu'est-ce que je vaux comme violoncelliste? Est-ce que c'est une bonne question à se poser? Où doit-on faire des compromis dans la vie?

Décision


Jeudi matin, j'ai été donc chez Gentes & Scheit comme prévu, et j'avoue que rendu là mon idée était pas mal faite. Gentes & Scheit louent à 40€ par mois, pour un minimum de 6 mois, et il faut payer un frais de 50€ une fois (einmal) pour les cordes (die Saiten). J'ai essayé trois violoncelles assez insatisfaisants là bas. J'ai expliqué au luthier que je trouvais que le son était bien mince (en faisant force signes avec les mains) et il m'a sorti un autre violoncelle du garde-robe. Celui-là m'a plu pas mal, mais ce n'était rien comparé à celui de Julia Dimitroff. Je suis reparti de là vers 12 h 30 avec tous mes questionnements.

À 13 h 25, pendant mon cours d'allemand, j'envoyais un email à Julia Dimitroff lui demandant de préparer le violoncelle, que j'avais décidé de lui louer. « Carpe diem », or something, que je lui ai écrit. Je ne sais pas à quand ira la prochaine occasion que j'aurai d'avoir entre les mains un violoncelle de 10 000$ de même. Julia Dimitroff est en Italie présentement, elle revient la semaine prochaine et mon violoncelle sera prêt dans le bout du 26 octobre. Un mois et une semaine après mon arrivée à Berlin. Je promets de prendre des photos, en attendant les vidéos des premiers concerts auxquels je participerai.

J'ai été nager ici au Stadtbad Neukölln, après avoir pris ma décision,
et après avoir fait mes devoirs d'allemand bien sûr.
Photo prise sur le site des piscines municipales de Berlin, Berliner Bäder


Décembre-janvier prochains


J'ai rencontré ma future coloc mercredi passé. Tout ça est parti d'une annonce que j'avais mise sur un groupe facebook, dans laquelle je disais chercher une place où pratiquer le piano. J'avais eu une réponse, une personne qui m'invitait à pratiquer chez elle quand je voulais. J'y suis allé, elle est super cool, on a fini par chiller ensemble toute la journée et là elle part en voyage. Elle m'a donc contacté pour savoir si ça m'intéressait de sous-louer pour décembre-janvier prochains. Bien sûr! Avec un faux piano à queue électronique, ça fait mon bonheur. Je partagerai donc son appart avec une de ses amies. Nous avons soupé ensemble ce mercredi, après ma journée bien remplie. Il y avait trois filles à table, et les trois s'appellent Sarah (ça se prononce Zara ici).

Je vais pouvoir faire mon Anmeldung à partir de son adresse. J'imagine que rendu là je vais être dans la folie de la recherche d'emploi donc ce sera une bonne chose que cette partie là soit réglée : pas d'Anmeldung, pas de compte de banque ; pas d'Anmeldung, pas de numéro de taxe ; pas d'Anmeldung, pas de job.

Téléphone


J'ai un numéro de téléphone local et il est très beau! Ça aussi ç'a été un pas pire magasinage mais finalement j'ai décidé de ne pas me compliquer la vie. C'était encore une fois mercredi passé, entre ma visite à la Musikhaus Rauth et mon souper avec les trois Sarah. J'avais une demi-heure de lousse et j'étais justement près de 3 détaillants de service cellulaire. J'ai donc visité T-mobile, O2 et Vodaphone, qui avaient tous des plans intéressants pour quelqu'un qui est là temporairement (et qui n'a pas de compte de banque). Je commençais à me faire une tête quand j'ai vu une enseigne Media Markt. J'ai été voir là, c'est une grande surface, un espèce de mélange entre Bureau en gros et Walmart. Je me suis dit que ça ne valait pas la peine de perdre plus de temps en magasinage de forfaits de téléphones.

J'ai donc un numéro de téléphone de Mobilcom Debitel, dont Media Markt revend les forfaits. Ça me coûtera 8,99€ (13$ CAD) par mois pour 300 unités (Einheiten, une « unité », c'est soit un SMS, soit une minute d'appel sortant, car les appels entrants sont illimités) + 300 MB de données. Comme il n'y a pas de contrat, le service s'interrompra la journée où je déciderai d'arrêter de payer.

Je commençais à être tanné de toujours chercher les réseaux sans-fil dans la rue, à la manière d'un sourcier, tenant mon téléphone comme un cintre plié. J'ai fini par réussir à activer le tout ce matin, samedi. Une autre affaire de réglée!


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